« Les jeunes talents de l'agriculture » Florian, agriculteur et... concessionnaire de voitures
« Je suis un développeur, pas un créateur », juge Florian. Ainsi, pour pouvoir être agriculteur, il reprend la ferme familiale et une concession automobile. Un témoignage aussi "palpitant" que la vie de ce double actif à la fois "double entrepreneur". Le 23e de la série, qui présente les spécificités des parcours et projets des jeunes agriculteurs ayant inspiré le livre de Christophe Dequidt et son épouse Sylvie : "Le tour de France des jeunes talents de l’agriculture".
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Dès la fin de ses études, Florian a bien conscience qu'il devra être double actif. Même performante, l'exploitation familiale dans le Centre-Val-de-Loire, de trop petite dimension, ne dégage pas un revenu suffisant. Or, si près de la Beauce, le prix des terres empêche les jeunes agriculteurs de s'agrandir. Sans irriguer (creuser des forages était à ce moment-là impossible), difficile également de se diversifier dans d'autres cultures. Pour autant, le jeune homme ne place pas sa deuxième activité au second plan et se montre exigeant : elle doit être située à proximité de la ferme, correspondre à son niveau de formation, être à la fois intéressante intellectuellement et épanouissante sur le plan personnel. En plus, il faut qu'elle lui laisse assez de temps libre pour s'occuper de l'exploitation tout en « assurant la pérennité de celle-ci » et en lui permettant de « gagner correctement sa vie ».
Embauché comme conseiller clientèle dans une banque, il "carbure" à 100 à l'heure pendant cinq ans, passant tous ses congés à semer, traiter, récolter. Un rythme effréné qui ne pouvait pas être vivable longtemps. En outre, ce qui lui plait vraiment, c'est gérer une entreprise, agricole ou non, qui soit déjà en fonctionnement. « Je suis un développeur, pas un créateur », comme il se définit lui-même. Il se forme alors au sein du cercle des repreneurs de la chambre de commerce et d'industrie et réalise pas moins de 10 études de reprise avant de trouver chaussure à son pied, ou plutôt une concession de voitures sans permis. « Une niche singulière mais digne d'intérêt car peu connue du grand public et avec encore plein de préjugés », reconnaît le jeune producteur. Et qui garantit un retour sur investissement sur 7 ans, bien plus rapide qu'un projet agricole.
Cela ne dispense pas d'essayer de maximiser la rentabilité de l'exploitation en achetant le matériel avec un voisin et en « simplifiant le travail » pour obtenir « un EBE/ha correct qui rembourse les emprunts liés à l'installation ». « Le parcours de mon père m'a servi d'exemple. Installé sur une centaine d'hectares, il a fallu rapidement qu'il fasse vivre sa famille de trois enfants. Ma mère a été l'une des premières femmes d'agriculteurs à exercer un emploi à l'extérieur. Lui a préféré travailler dans le magasin de meubles d'un ami » au lieu de dépenser des sommes exorbitantes dans l'irrigation. Être "double entrepreneur" convient très bien à Florian : « ces deux métiers se ressemblent en termes d'engagement, de volonté de réussir » et hélas d'horaires. Pour lui, c'est toujours la course même s'il sait qu'il doit prendre du temps pour la famille, « un pilier, qui est là quoi qu'il arrive et pour laquelle il faut être présent en retour ». Qui sait « peut-être un jour ma fille voudra, elle aussi, marcher dans les pas de ses aïeux »...
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